Refonte annoncée des taux réduits d’assurance maladie : ce qui change pour les entreprises et assurés
11 septembre 2025Suppression des taux réduits de cotisation d’assurance maladie : enjeux et calendrier
La réforme des taux réduits de cotisation d’assurance maladie entre dans une nouvelle phase de l’optimisation du financement de la Sécurité sociale, visant à rendre le système plus lisible et équitable. Dès 2026, le gouvernement abroge l’ensemble des mécanismes spécifiques de taux réduits (hors cas particuliers), au profit d’un mode de calcul unifié recentré sur la réduction générale de cotisations patronales. Cette décision transformera durablement les stratégies RH et budgétaires des entreprises françaises.
Un changement programmé : la loi de financement de la Sécurité sociale 2025
Votée en février 2025, la loi de financement de la Sécurité sociale fixe le cadre : suppression progressive des taux réduits sur la part maladie des cotisations patronales dès le 1er janvier 2026, désormais intégrés à une réduction générale dégressive unifiée. Gardons à l’esprit que, pour l’année 2025, les taux dérogatoires restent applicables sous conditions, selon la taille de l’entreprise et le niveau de rémunération, avec un ajustement près sur les seuils et formules de réduction .
- Entreprises de moins de 50 salariés : taux de réduction fixé à 0,3193 depuis le 1er mai 2025 .
- Structures de 50 salariés et plus : taux porté à 0,3233 depuis la même date .
Jusqu’à cette échéance, les taux réduits s’appliquent majoritairement pour les rémunérations se situant entre 2,25 et 3,5 fois le SMIC, couvrant certains types de salariés et secteurs. Mais 2026 marque la fin de ces dérogations, sauf exceptions légales clairement listées (certains régimes spéciaux, artistes, etc.).
Quels actifs et entreprises impactés par la réforme ?
La réforme concerne près de 17 millions de salariés du privé et 3 millions d’employeurs. Elle touche principalement :
- Les PME et ETI employant des profils intermédiaires ou cadres
- Le secteur associatif, souvent utilisateur de taux minorés
- Les groupes ayant conçu des politiques de rémunération optimisées grâce aux taux spécifiques d’assurance maladie
La nouvelle donne imposera plus de simplicité administrative mais aussi la fin d’avantages parfois structurants pour la compétitivité. Le taux de cotisation maladie redeviendra uniforme, sauf exception : 13 % au droit commun, avec disparition des allègements 7 %, ou intermédiaires, excepté pour certaines professions spécifiques (artistes, mannequins…).
Comment se préparer ? Les clés pour les responsables paie
Dès à présent, les services RH doivent anticiper l’impact budgétaire. Il devient crucial de :
- Réexaminer les modèles de coût du travail et la structure des salaires
- Simuler l’évolution des charges sociales sur 2026-2027
- Repenser la politique de complémentaire santé pour compenser la hausse éventuelle du « reste à charge »
Décryptage : ce que change la suppression des taux réduits
Cette réorganisation redistribue les cartes : selon des estimations sectorielles, le gain ou la perte dépendra désormais de la rémunération individuelle :
- Les salariés proches du SMIC conserveront le même niveau d’allègements qu’en 2025.
- Ceux percevant entre 2 000 et 4 000 € mensuels verront diminuer les exonérations globales, ce qui implique un coût supérieur pour l’employeur .
- Pour les salariés à plus haute rémunération (3 000 à 5 000 €), l’allègement unifié pourrait se révéler plus avantageux.
Cette modulation s’applique à partir d’une formule généralisée, simplifiant les bulletins de paie, mais engendrant des « gagnants et perdants » selon les profils.
Quel avenir pour la protection sociale complémentaire ?
Dans ce contexte, l’accent se reporte sur la complémentaire santé d’entreprise. Les employeurs doivent tourner leur attention sur :
- La couverture des frais de santé en complément du régime obligatoire
- La gestion du panier « 100 % santé », dont certaines évolutions sont à l’étude (plus d’informations sur l’évolution du panier 100 % santé)
- L’anticipation d’une éventuelle augmentation du coût des mutuelles santé en 2026, suite à la hausse prévisible des dépenses de santé
Renforcer la prévoyance et la complémentaire santé demeure essentiel pour maintenir l’attractivité des packages salariaux dans une ère post-réforme. L’employeur doit aussi accompagner ses salariés dans le choix de solutions adaptées à la nouvelle donne (faire le bon choix en matière de complémentaire).
Rappel des modalités actuelles et de la transition
Jusqu’au 31 décembre 2025, la réduction du taux de cotisation maladie dépend de la tranche de revenus :
- Pour des rémunérations annuelles compris entre 2,25 et 3,5 fois le SMIC, une réduction d’environ 6 points s’applique, ramenant le taux de 13 % à 7 % selon les cas .
- Le calcul porte sur le montant réel de la rémunération annuelle. Les régularisations s’opèrent en fin d’année ou de manière progressive chaque mois.
- En cas d’évolution du contrat de travail (passage d’un CDD à un CDI par exemple), le calcul s’effectue sur l’ensemble de la période d’emploi .
A partir de 2026, ces régimes spécifiques s’effacent au profit d’un allègement unique et linéaire s’adaptant à toutes les tranches de salaire, sauf exception.
Questions pratiques et retours du terrain
Les professionnels du secteur soulèvent déjà plusieurs interrogations :
- Quel impact sur la compétitivité pour les filières auparavant favorisées ?
- Va-t-on observer un transfert de charges vers d’autres dispositifs, comme la hausse des complémentaires santé ?
- Les jeunes entreprises ou structures peu capitalisées sauront-elles absorber le surcoût ?
- Comment protéger les salariés contre un reste à charge en hausse alors que les remboursements de frais de santé sont déjà limités (voir l’évolution des remboursements) ?
Enjeux sociaux et perspectives
La réforme des taux réduits s’inscrit dans une trajectoire de simplification et de financement plus lisible pour l’Assurance Maladie. Elle fait écho à la nécessité de garantir l’équilibre du régime général et la pérennité des prestations, à l’heure où la pression sur les dépenses de santé ne faiblit pas.
Pour les employeurs, l’enjeu majeur sera d’ajuster leur politique de rémunération et de protection sociale dans une optique durable. Les organismes assureurs et mutuelles, de leur côté, seront amenés à adapter leurs offres et à accompagner aussi bien les ressources humaines que les salariés pour sécuriser la couverture des risques santé, dans un contexte où la solidarité nationale évolue.
La refonte des taux réduits marque ainsi un tournant pour la gestion RH, la stratégie sociale et les schémas budgétaires, à intégrer dans les réflexions dès l’automne 2025 pour une mise en œuvre harmonieuse en 2026.